Il y a trois ans, l’atelier vélo Txirrind’Ola a fait le pari du salariat, afin d’assurer une large palette de services à ses adhérents. Ce pari n’a pu être réalisé que grâce aux emplois aidés, qui sont aujourd’hui remis en cause par les pouvoirs publics. Le point sur ce que cela implique pour l’atelier.
Des services de qualité grâce au salariat (entre autres)
De bricolage de quartier quelques heures par semaine à la structure que vous connaissez aujourd’hui, ouverte tous les jours, offrant une large palette d’outils, de services et d’animations à ses adhérents, que de chemin parcouru ! Mais l’envergure actuelle de l’atelier vélo, qui repose à la fois sur le salariat et le bénévolat, n’a pu se faire que grâce aux emplois aidés : un premier poste de mécanicien en 2014 (devenu CDI en 2016), puis un poste d’accueil l’année suivante, suivi d’un second mécano et d’un coordinateur… Au plus fort de son activité, l’association employait 4 personnes, dont 3 en contrat aidé (CUI-CAE). Concrètement, les salaires étaient pris en charge à 80 % sur 20 h, ce qui, associé à notre modèle très sobre (reposant sur la récupération et un important bénévolat, mais aussi sur la mise à disposition gratuite du local par l’agglomération), nous permettait d’offrir des services d’un niveau professionnel à un coût dérisoire pour les adhérents.
L’impact de la fin des contrats aidés
L’arrêt de ce dispositif en juillet 2017 a porté un premier coup à l’association. Pour ne pas gréver le budget, nous avons fait le choix de passer le poste d’accueil en contrat saisonnier, pour faire face à l’afflux estival, la saison hivernale plus calme étant gérée par les mécaniciens et les bénévoles. Le second poste de mécanicien a lui été pérennisé à temps partiel, tandis que le poste de coordination a été renouvelé avant que tombe le couperet. A l’époque, nous nous sommes également associés aux actions du collectif Associons-Nous BAB, regroupant les associations locales frappées par l’arrêt des emplois aidés (Libreplume, Graines de Liberté…). Loin de vouloir réclamer des subventions publiques comme objectif en soi, il s’agissait d’alerter les pouvoirs publics sur l’utilité sociale des actions menées (dans notre cas, l’effet bénéfique pour la santé publique et la qualité de vie en ville de l’atelier vélo), utilité qui ne se mesure pas à la seule rentabilité financière. Par ailleurs, ce revirement du gouvernement intervenait à une période critique pour Txirrind’Ola : nous avions justement atteint une taille considérable et nous les administrateurs, tous bénévoles, nous sentions dépassés par les demandes de partenariats, d’animations, etc., aussi était-ce l’occasion de faire un point sur notre projet et nos ressources. Grâce à un accompagnement de plusieurs mois (un DLA), nous avons renouvelé nos ambitions et réfléchi à notre modèle économique. Nous avons présenté les axes de structuration de nos actions au cours de l’AG (Compte-rendu en ligne).
Un futur à écrire
Notre équilibre économique est fragile, car dépendant de la mise à disposition gratuite du local et d’un travail bénévole conséquent. Financièrement, il repose principalement sur les cotisations des adhérents et les ventes de vélos. Il est tout de même moins fragile que celui de structures qui dépendraient fortement de subventions, et nous espérons assurer bon an mal an le maintien de nos deux salariés en CDI et de l’emploi saisonnier. Courant 2018, nous avons aussi fait basculer l’animation sur les réseaux sociaux ainsi que le relais avec les bénévoles (permanences du week–end, sorties, événements, etc.) sur un service civique, option moins coûteuse qu’un salaire complet qui permet également à une jeune femme de se faire une expérience citoyenne. En revanche, le CDD du coordinateur, qui arrive à échéance début juillet, est problématique. Il est apparu clairement que dans le contexte actuel de baisse des dotations publiques, une association ne pouvait survivre qu’en répondant à des appels à projets, ce qui implique des compétences pointues : gestion de projets, montage de dossiers (les pièces comptables exigées doivent par exemple être de niveau professionnel)...
Pour l’instant, en terme de subventions, les résultats n’ont hélas pas été à la hauteur des espérances. Le maintien d’un poste de chef de projet se traduisant obligatoirement par un CDI à temps complet, sans aide, il n’est actuellement pas finançable par nos recettes (cela engendrerait un déficit de plus de 20 k€ par an). La décision a été difficile, mais le comité de direction a fait le choix de privilégier la survie financière de l’association. Certains de nos adhérents ont été choqués, d’autant que le CDD qui se termine était tenu par le co-fondateur de l’association. Nous le comprenons, mais cela ne change pas les réalités économiques que nous devons prendre en compte pour la pérennité de l’association.
Txirrind’Ola évolue en permanence, nourrie des énergies des bénévoles anciens et nouveaux, et il n’est pas impossible que ce creux du salariat soit suivi d’un haut à l’avenir. En attendant, l’association continue de vivre grâce aux coups de main divers (mécanique simple mais aussi animations, apéro-démontages, récupération de dons…) alors n’hésitez pas à venir voir ce à quoi vous pouvez contribuer en fonction de votre disponibilité.
L’association reste ouverte pour agir, débattre, s’engager, traduire les pistes du DLA dans des projets concrets, consolider les acquis, expérimenter, essaimer…
Le comité de direction de Txirrind’Ola